Cruches à émail cristallisés

Les céramistes cherchent habituellement à obtenir un émail le plus fiable possible, qui demeure uniforme après la cuisson et permet à la pièce d’avoir une brillance et une couleur homogène sur toute sa surface. C’est tout le contraire qui est souhaité avec les émaux cristallins : l’objectif est en effet d’obtenir un développement de cristaux dans l’émail créant un motif semblable au givre.

Les recherches sur les émaux cristallisés débutent à Sèvres dans les années 1850 avec Alexandre Brogniart. L’effet, obtenu notamment par ajout de zinc, est alors considéré comme une imperfection.  Ce n’est qu’en 1885 que Clément reprend les travaux, toujours à Sèvres, avant de partir s’installer à Copenhague.  À son retour à Sèvres, il perfectionne cette technique et présente des pots à l’exposition universelle de 1900 qui retiennent l’attention des experts et font l’objet de critiques très positives.

À Sarreguemines, les premières pièces appelée « émaux cristallisés » apparaissent au début des années 1900. Nous ne savons pas encore précisément à quel moment et dans quel contexte.

On retrouve ces pièces dans le catalogue de vente de la manufacture édité dans le premier quart du 20ème siècle, consacré aux majoliques et aux objets fantaisie.

Les pièces sont reconnaissables par les motifs en forme de cristaux, plus ou moins réguliers et de tailles variables, obtenus grâce à l’ajout de métaux (zinc, baryum…) qui permettent la formation de réseaux cristallins à l’intérieur de l’émail lorsque celui-ci est maintenu dans un état de viscosité pendant sa phase de refroidissement. La forme des motifs dépend de la nature des cristaux qui vont se former dans l’émail, leur taille sera d’autant plus importante que la phase de surfusion permettant le développement des réseaux cristallins sera prolongée et leur couleur varie en fonction des oxydes métalliques présents dans l’émail.