Les cités ouvrières

A la fin du 19ème siècle, à côté des usines, cheminées et ateliers, des lieux de vie pour les employés et leurs familles sont aménagés par la faïencerie, modelant ainsi une ville dans la ville. Pour s’attacher la population ouvrière et éviter les conflits, des entrepreneurs adoptèrent un système efficace fait à la fois d’assistance et de soumission : le paternalisme.

"Prendre soin" de ses ouvriers

L’idée qui prévalait alors chez certains patrons éclairés était de « prendre soin » de leurs ouvriers afin qu’ils soient heureux – voire fiers – de leur entreprise, productifs au travail et fidèles à l’employeur qui pouvait leur garantir du travail sur plusieurs générations. L’attention aux ouvriers passait par la construction de logements, d’écoles, de centres de soins, équipements que la société ne pouvait pas encore leur offrir de manière généralisée.

Le règlement des cités ouvrières était cependant strict : les habitants devaient entretenir leur logement et maintenir les jardins « en bon état de culture ». Des inspections étaient effectuées et débouchaient soit sur des menaces d’expulsion, soit sur des récompenses.

La cité ouvrière de la Faïencerie

C’est en 1869 que débutent les travaux de construction de la première cité ouvrière de Sarreguemines. Sa structure est simple, son plan géométrique : cinq avenues parallèles en constituent la trame.
Le long des quatre premières avenues sont disposées des maisons, toutes identiques, divisées en quatre logements entourés d’un petit jardinet complété à l’écart d’un petit appentis. Celui-ci servait de remise pour le matériel de jardinage, mais abritait bien souvent un petit élevage : poules, lapins, porcs qui permettaient d’améliorer l’ordinaire des faïenciers.

Plus triste et sévère semble avoir été le long bâtiment, démoli depuis, qui constituait la cinquième avenue. Il formait une seule barre où les seize logements se trouvaient accolés les uns aux autres.
Si le logement, le jardin, l’appentis constituaient l’espace individuel à l’intérieur de la cité, les lavoirs et séchoirs situés au centre des avenues constituaient les espaces collectifs.

 

Une hiérarchie sociale dans l'habitat

La première et deuxième avenues étaient réservées aux employés, la troisième principalement aux chefs d’équipe tandis que les quatrième et cinquième avenues étaient dévolues aux ouvriers. En face de la cité, quelques maisons différent par leur disposition et leur architecture : le tracé des rues se fait moins rigide et l’espace disponible autour de chaque maison est agrandi. Il s’agit des maisons des cadres ou chefs de service.

Les personnes possédant une position plus élevée dans la hiérarchie habitaient rarement la cité. On estimait que les cadres percevaient un salaire leur permettant de construire leur propre maison ou de louer un appartement ailleurs.

 A partir de 1921, une seconde cité ouvrière baptisée Cité-jardin est aménagée sur 10 hectares, non loin de la première. Les maisons sont bien plus espacées que celles de l’ancienne cité et toutes sont munies d’un grand jardin. En outre, des parcelles de terre, situées à une centaine de mètres des logements, étaient mises à la disposition des habitants pour y cultiver des plantes potagères.