la Diversité des collections

Si les collections céramiques sont aujourd'hui une priorité pour les Musées de Sarreguemines, les pièces conservées dans les réserves scientifiques sont riches et diversifiées. Ces collections se sont constituées au fil du temps et témoignent de l'histoire mouvementée du musée au cours du 19° siècle.

Les céramiques produites par la faïencerie aux 19e et 20e siècles

La faïencerie de Sarreguemines tient une place importante au sein de la ville de Sarreguemines. Dès la création du musée dans les années 1920, des céramiques sont ainsi acquises pour compléter les collections et mettre en valeur ce savoir-faire industriel.

Les pièces en faïence restent cependant minoritaires au sein des collections. Il faut attendre 1972 et l’installation du musée dans l’ancienne demeure du directeur de la manufacture pour que la céramique prenne une place prépondérante dans la politique d’acquisition. Au début des années 2000, l’établissement culturel change d’identité : il n’est plus question de « musée d’histoire régionale » mais d’un « Musée de la Faïence ». Cette nouvelle appellation traduit l’intérêt de la municipalité et de la population pour l’entreprise qui a contribué, pendant plus de 200 ans, à faire rayonner le nom « Sarreguemines » à travers le monde.

Les pièces exposées traduisent la richesse et la diversité de la production de la faïencerie depuis sa création en 1790, dans tous les domaines : art de la table, tabac, hygiène, décoration, céramique d’architecture, etc. Aujourd’hui, on compte plus de 6 000 céramiques (faïence, grès ou porcelaine) dans les collections des Musées de Sarreguemines.

La céramique contemporaine

Depuis son ouverture en 1998, le Moulin de Blies affiche sa dimension plus contemporaine en invitant régulièrement des céramistes à présenter leurs créations et à échanger avec le public.  Les collections des Musées de Sarreguemines s’enrichissent peu à peu de pièces de céramique contemporaine.

Les Grands Concours de céramique

La ville de Sarreguemines crée en 1992 une manifestation destinée à valoriser les arts du feu et de la table. Elle réactualise également la Saint-Paul, une fête qui rassemblait chaque année le personnel de la manufacture en mémoire de Paul Utzschneider, le fondateur des faïenceries de Sarreguemines.

Dès 1993, la ville de Sarreguemines organise son premier Concours International de Céramique d’Art dans le cadre des fêtes de la Saint-Paul. Il aura lieu tous les trois ans, jusqu’au début des années 2000. Des artistes de toutes nationalités sont invités à participer à cette manifestation.

Les créations présentées lors des différentes éditions sont inspirées de pièces utilitaires, usuelles, qui renouent avec les productions traditionnelles de la manufacture de Sarreguemines. Coupes, assiettes, boîtes, etc, trouvent ainsi leur place dans la vie quotidienne à côté des services de table de Sarreguemines et permettent de faire le lien entre passé et présent. Les grands prix de ce concours sont intégrés aux collections des Musées afin de garder un témoignage de ce travail artistique et artisanal.

La donation France et Wolfgang Kermer

En avril 2018, ce couple de collectionneurs franco-allemand offre aux Musées de Sarreguemines une centaine de pièces collectées par leurs soins lors des décennies précédentes. Ils ont en effet débuté leur collection à la fin des années 1970, dans une démarche d’étude et d’observation avant tout. Au fil du temps, ils ont tissé de solides liens avec de nombreux artistes, leur rendant visite dans leurs ateliers, assistant à la création de certaines de leurs œuvres et partageant avec eux des moments de convivialité restés gravés dans leur mémoire. Par ce don, ils transmettent notamment leur vision de la création céramique des années 1970 à 2000, marquée par une volonté de faire partager leur connaissance presque intime de chaque artiste.

L’art contemporain interroge, suscite le questionnement, alimente le débat. Ces liens tissés autour de la céramique s’inscrivent parfaitement dans les missions de valorisation et de transmission des savoirs dévolues aux Musées de France et confortent la position du Moulin de la Blies dans le domaine de la céramique contemporaine.

Les collections techniques

Lors de la réhabilitation du site du Moulin de la Blies, une collection d'objets techniques est rassemblée afin de mieux faire comprendre les différentes étapes de fabrication des céramiques.

Les objets proviennent de la faïencerie de Sarreguemines mais aussi de celle de Badonviller, qui a fermé ses portes quelques années avant l'ouverture du Musée des Techniques faïencières. Il a alors été possible d'acquérir certaines machines ainsi que divers outils pour compléter la collection d'objets techniques utilisés au 20ème siècle.

Les archives de la manufacture

Les collections comportent également de nombreux documents d’archives en rapport avec les faïenceries.

Ainsi, plusieurs albums de photographies nous montrent des ateliers et des groupes d'ouvriers. Ils constituent de précieux témoignages sur l’environnement de travail à la faïencerie aux 19ème et 20ème siècles, la hiérarchisation des postes, les vêtements portés des ouvriers, etc. D’autres gravures ou photographies présentent également les pièces mises en valeur par la faïencerie lors des expositions universelles.

Les différents directeurs (Jacobi, Utzschneider, Alexandre et Paul de Geiger) sont tous représentés, sous forme de gravure ou sur des huiles sur toile. Les portraits sont visibles dans la zone consacrée à l’histoire de la manufacture, au 1er étage du Musée de la Faïence.

Les catalogues de vente de la faïencerie et les feuillets sur lesquels sont notés les tarifs sont une des sources les plus utilisées par l’équipe scientifique des Musées, au quotidien, dans le travail de recherche. Ces documents sont indispensables pour identifier les formes et les décors.

Malheureusement, les Musées de Sarreguemines ne possèdent que quelques catalogues et, même si cela permet d’avoir un bon aperçu de la production de la manufacture, toutes les années ne sont pas renseignées.

Indispensables aux commerciaux de la faïencerie, les catalogues s’étoffent au fil du temps. Ils prennent rapidement la forme de véritables ouvrages dans lesquels la présentation des articles, de plus en plus soignée, est accompagnée de riches illustrations et de descriptions techniques. Au cours du 20ème siècle, ils sont le plus souvent édités sous forme de petits fascicules présentant chacun une catégorie spécifique de produits (majolique, services de table, production destinée à l’exportation, etc.).

Dans les archives du musée, on retrouve aussi de nombreux projets préparatoires d’objets, sous forme d’aquarelles le plus souvent, réalisés par les artistes de la faïencerie ; des anciens plans des usines ou de certains ateliers ; des livres issus de la bibliothèque de la manufacture ; les carnets de recettes des chimistes ; de la correspondance, etc. Pour des raisons de conservation, en raison de leur fragilité, ces documents ne sont pas présentés au public.

La collection archéologique

La collection archéologique regroupe des objets préhistoriques, celtes, gallo-romains et mérovingiens. Leurs provenances sont diverses : fouilles locales, découvertes fortuites ou dons d’amateurs d’archéologie.

Parmi les donateurs, Emile Huber (1838-1909) se distingue. Cet industriel sarregueminois, grand collectionneur et passionné d’archéologie, crée un musée dans sa villa du Blauberg à Sarreguemines dès 1883. La collection, particulièrement riche, se compose d’achats, de dons divers et d’objets provenant de ses propres fouilles.

La passion d’Emile Huber pour l’archéologie ainsi que sa fortune lui permettent de financer et de diriger six chantiers de fouilles :

  • La villa du Blauberg (1885)
  • Les tumuli de Cadenbronn, Rouhling et Grosbliederstroff (1885-1893)
  • La villa gallo-romaine de Rouhling (1890)
  • L’église de Zetting (1900)
  • Les tumuli de la forêt du Boucholtz (1908)
  • Le vicus du mont Hérapel (1882-1904)

Lorsqu’il décide de se séparer de sa collection, sa première intention est de la donner à la ville de Sarreguemines. Hélas, celle-ci n’a pas l’espace nécessaire pour accueillir un tel ensemble. Emile Huber décide alors d’en faire don à l’Académie Nationale de Metz et à la Société d’Histoire et d’Archéologie de Lorraine. La collection est finalement déposée au musée de Metz.

Emile Huber conserve toutefois quelques pièces et documents. Ceux-ci sont légués au musée de Sarreguemines par son fils. Cependant cette donation ne représente qu’une infime partie de la collection originelle d’Emile Huber.

La collection ethnologique

La collection d’ethnologie des Musées de Sarreguemines se constitue grâce à cinq principaux donateurs : Nicolas-Joseph Hamann, Victor Rohr, Les Pères du Saint-Esprit de Neufgrange, la famille Huber et Mademoiselle Knorr.

Ces objets sont collectés dans un contexte historique particulier qui est celui de la colonisation. Au 19ème siècle cette dernière s’accompagne, pour les nations européennes, d’un désir de convertir les peuples au christianisme. Des missionnaires sont alors envoyés sur les territoires conquis pour évangéliser les populations. Ces hommes et femmes partagent la vie quotidienne des locaux, étudient la géographie des territoires ainsi que les us et coutumes des autochtones.

Les écrits ainsi que les nombreux objets qu’ils rapportent de leurs missions contribuent à forger, en Europe, une fascination pour ces pays lointains. Hamann, Rohr, les Pères du Saint-Esprit font partie de ces missionnaires. Ils exercent respectivement en Océanie, en Amérique et en Afrique.

Parallèlement, les expéditions à but scientifique ou d’agrément se multiplient. La bourgeoisie industrielle, en plein essor, finance largement ce type d’entreprise. Ainsi, Emile Huber, industriel sarregueminois, rapporte de ses voyages divers objets, principalement des pièces provenant d’Asie, mais aussi d’Océanie et d’Afrique.

NICOLAS JOSEPH HAMMAN (1865-1948)

Né à Lixing-les-Rouhling en 1865, Nicolas Hamman intègre en 1887 la congrégation des Missionnaires du Sacré-Cœur à Issoudun. Sous le nom de Frère Léo, il participe, en 1901, à la mission des îles Gilbert (archipel des Kiribati, Micronésie). Sa tâche consiste à bâtir des églises, comme celle de Notre-Dame de Lourdes, érigée sur l’atoll de Maïana et dont les travaux durent plus de deux ans.

Dans une lettre adressée à sa sœur en septembre 1905, il évoque son engagement : « Et ainsi, pendant que les missionnaires prêtres y exercent l’apostolat par la parole et la dispensation des sacrements, moi je suis missionnaire par la scie et le rabot ».

En 1910, il quitte sa mission car il est malade. Il revient en Lorraine et, après la Première Guerre mondiale, participe à la création du musée en donnant sa collection d’objets océaniens.

Ses témoignages sont une source importante pour les ethnologues car il y décrit clairement la façon de vivre des autochtones.

VICTOR ROHR (1873-1965)

Né à Sarreguemines en 1873, Victor Rohr étudie au séminaire de Montigny-les-Metz puis à Junior St Charles. Ordonné prêtre à Liège en 1898, il intègre la congrégation religieuse missionnaire des Oblats de Marie Immaculée. Le Révérend Père Victor Rohr part alors pour la Colombie Britannique (ouest du Canada).

Il passe d’abord six mois chez les indiens Kootenays où il apprend les rudiments de son rôle de missionnaire. A partir de 1899, il poursuit sa mission notamment à Lillooet où il partage le mode de vie de la population locale. Il reste près de 40 ans auprès des tribus indiennes, revenant à Sarreguemines à l’occasion de permissions.

En 1939, après avoir été autorisé à venir voir ses proches, il est contraint de rester à Sarreguemines suite à l’arrivée des troupes allemandes. A la Libération, il souhaite repartir avec les Américains pour rejoindre sa mission mais la maladie l’en empêche. Il reste en France et enseigne aux futurs missionnaires des Oblats de Marie Immaculée à Augny (Moselle).

LA COLLECTION D’ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES

Cette collection vise à documenter la vie des populations françaises, essentiellement rurales et artisanales, aux 19ème et 20ème siècles.

Le Musée national des Arts et Traditions Populaires, premier du genre, est fondé en 1937 par Georges-Henri Rivière. Si la notion est relativement récente, les musées rassemblent très tôt, objets et œuvres dans le but de documenter la vie locale traditionnelle.

C’est le cas du Musée régional de Sarreguemines qui collecte, dès 1920, des objets auprès des habitants de la ville et de ses environs : ustensiles de cuisine, outils, objets religieux, art populaire…Ces pièces concernent la vie en Lorraine au 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Certains d’entre eux proviennent également d’Alsace.

LA COLLECTION DES BEAUX-ARTS

Cette collection rassemble des tableaux et des sculptures acquises dans diverses circonstances.

Certains sont intégrés dans les collections dès l’ouverture du musée. La plupart de ces tableaux représente des portraits d’hommes et femmes célèbres ou habitant dans la région.

D’autres tableaux sont l’œuvre des lauréats des Grands Prix de Peinture. Des sculptures sont aussi présentent dans les collections. Ces dernières sont elles aussi issues de Grands Prix de Sculpture.

LA COLLECTION MILITAIRE

Lorsque Nicolas Hamann devient directeur, il fait don d’armes anciennes au musée. Cette collection est composée d’armes blanches et d’armes à feu.

Emile Huber et d’autres donateurs complètent la collection militaire, même si leur apport est beaucoup moins important.

L’inventaire de 1938 fait état de 640 armes mais l’inventaire actuel n’en compte plus que 330. Ces pertes sont dues aux pillages perpétrés durant la Seconde Guerre mondiale, tant par les civils que par les militaires français, allemands ou alliés.

Les armes conservées par les musées sont un échantillon intéressant car elles permettent d’observer l’évolution des systèmes de mise à feu et plus largement, de l’histoire de l’armement. Actuellement conservées dans les réserves scientifiques, elles ne sont pas visibles dans le parcours de visite.