Musée Gallé-Juillet de Creil
mercredi 30 mars 2022
La ville de Creil conserve au sein du musée Gallé-Juillet et de la maison de la faïence plusieurs milliers de céramiques, témoignages de la production faïencière locale entre 1797 et 1895.
La salle principale de la maison de la faïence est consacrée aux pièces maîtresses de la collection, céramiques illustrant les différents modèles, styles, formes et matières adoptés par la faïencerie de Creil au cours du 19e siècle, dont les lustres burgos.
La technique du lustre, donnant un aspect luxueux aux objets, est très ancienne. En effet, au 9e siècle après Jésus Christ, des potiers du Proche-Orient couvrent déjà leurs terres cuites d’une glaçure opacifiée par de l’étain. La technique se propage autour du bassin méditerranéen, puis à Manisès, en Espagne, où se développe la production d’une faïence aux reflets mordorés obtenus à partir d’oxydes de cuivre et d’argent.
Une technique de lustre simple et relativement peu coûteuse est développée par les potiers du Staffordshire vers 1805, puis la manufacture de Wedgwood développe vers 1810 le procédé suivant : une solution d’or ou de platine mêlée à une base huileuse de térébenthine est appliquée sur une céramique déjà cuite et glaçurée. Lors de la cuisson, la base huileuse se volatilise et le métal se fixe à la glaçure sous la forme d’une fine couche polie. Avec l’or, le lustre prend une teinte rose à la cuisson.
Au début du 19e siècle, des faïenciers français, parmi lesquels Boudon de Saint-Amans, partirent en Angleterre et parvinrent à s’initier aux nouveaux procédés de fabrication et de décoration. C’est ainsi que la technique du lustre s’est développée en France.
Le terme de lustre Burgos, cité par Brongniart dans son Traité des arts céramiques, désigne un lustre obtenu à l’aide d’un mélange à base d’or auquel on ajoute quelques gouttes d’essence qui procurent un effet moucheté. Il dérive du nom du coquillage nacré burgau. La manufacture de Creil réalise ce type de décor à partir de 1824, à la suite du rachat du brevet à Boudon de Saint-Amans. Les pièces ressemblent à celles de Sarreguemines, mais ont été fabriquées en moindres quantités.
L’écuelle couverte lustrée Burgos, dépôt du musée de la faïence de Sarreguemines, permet au musée Gallé-Juillet de présenter à ses visiteurs ce type de décor, inexistant dans la collection municipale.
Texte de Marion Kalt - Photographies Musée Gallé-Juillet